Dans l’univers des jeux de baston, il est rare que le sexe dit faible soit fort représenté. Ce n’est pas le cas de Skullgirls dans lequel tous les protagonistes sont des filles. Voyons voir ce que nous réserve cet ovni dans les jeux de combat. Il va sans dire que Reverge Labs n’était pas un studio relativement connu avant le développement de Skullgirls. Son atout principal réside dans l’équipe à la tête du projet, constituée de plusieurs membres issus de la scène du versus fighting. Avant d’aller plus loin, il faut oublier tous les ténors des jeux de baston habituels, Skullgirls n’a rien d’un blockbuster à la SNK ou Capcom. Il s’agit plutôt d’un jeu modeste réalisé par des fans pour des fans. C’est pourquoi il est proposé uniquement en téléchargement sur XBLA et PSN et tout dernièrement sur PC via Steam.

Une histoire classique

Le monde de Canopée est dans la panique, le Skull Heart a été récupéré. Cet artefact est capable d’exaucer les vœux des jeunes femmes. Mais comme à chaque fois, il y a un paragraphe en petites lettres en bas du contrat : si le propriétaire de l’artefact a un cœur un tant soit peu impur, son vœu (même désintéressé) sera détourné. Par exemple, la paix ne sera donnée qu’en échange de la guerre, la vie éternelle remise en échange de l’apparence d’une petite fille.
L’artefact attise donc inévitablement la convoitise et les êtres humains cherchent tous à entrer en sa possession pour réaliser leurs souhaits quel qu’en soit le prix à payer.

Les différentes combattantes se lancent ainsi à la poursuite de cet artefact, certaines cherchant à réaliser leur souhait et d’autres à tout simplement arrêter le cycle éternel du Skull Heart.

Parasoul Renoir, fille du roi de Canopée, souhaite plus que tout détruire le Skull Heart et la Skullgirl actuelle. La précédente incarnation du démon avait pris possession de sa mère; comme celle-ci avait souhaité la paix éternelle pour Canopée, les habitants ont récolté une longue période de guerre. Parasoul Renoir connaît donc la perfidie de la Skullgirl et désire plus que tout sa destruction.

En plus du problème du Skull Heart, une guerre pour le contrôle de la Nouvelle Méridian (ville principale de Canopée) fait rage entre la famille Medici et l’actuel roi de Canopée. Sous le couvert d’une attitude noble et respectable, cette famille cherche à mettre toutes les personnes influentes de son côté pour faire basculer le peuple en sa faveur.

Juste ce qu’il faut… pour la baston !

La nouvelle Skullgirls est née

En ce qui concerne les modes de jeux disponibles, c’est le minimum syndical. Le mode solo retrace l’histoire des six personnages principaux. Bien que le casting comporte huit personnages, les deux boss du jeu (Valentine et Double) restent grisés jusqu’à ce que le joueur arrive à terminer le mode solo avec tous les autres personnages.
Ce mode est entrecoupé de phases de dialogue et de quelques cinématiques pour faire évoluer le scénario, ce qui permet de comprendre les tenants et aboutissants de l’histoire de Skullgirls. Bien sûr comme dans chaque jeu de combat, ces phases peuvent être « zappées » mais il serait dommage de passer à côté de l’univers mis en place par Reverge Labs.
A l’instar d’un Street Fighter 4, un astucieux mode entraînement est présent et constitue une étape quasi essentielle pour quiconque souhaite maîtriser un peu mieux les différents combos et coups spéciaux des personnages. Il se présente sous la forme d’un cours d’école où il est nécessaire de réussir l’épreuve A pour passer à la B et ainsi de suite. On débute par l’apprentissage des mouvements et coups simples pour aller vers des enchaînements bien plus complexes. Je considère avoir un niveau correct dans les jeux de combat 2D, mais je me suis cassé les dents sur certaines manipulations du jeu et je ne suis pas arrivé à boucler complètement l’entraînement. Un autre aspect de ce mode permet de contempler les attaques « blockbuster » (super attaques spéciales) de chaque personnage pour savoir quand il faut les placer pour faire un maximum de dégât.
Il y a enfin l’inévitable mode versus pour les affrontements en local à deux joueurs ou en ligne. Le mode en ligne reste le terrain de jeu des meilleurs joueurs car le niveau est vraiment très élevé.

Un gameplay bien inspiré

Comme je le disais plus haut, Skullgirls est un jeu de combat fait par des champions de la baston 2D pour des fans de ces mêmes jeux. Il n’est donc pas étonnant d’y retrouver quelques automatismes propres à Fatal Fury, Street Fighter et consorts. La majorité des coups spéciaux sont à base de quarts de tour vers l’avant ou l’arrière, de 360° et autres charges. Mais contrairement à ces illustres aînés, Skullgirls lance un pavé dans la mare et propose un gameplay bien plus équilibré qui s’adapte à chaque joueur. Que l’on soit débutant ou expert, le jeu est amusant à prendre en main car les manipulations ne sont pas trop compliquées.
Par contre, si on est familiarisé avec le « cross up », « dash », « air combo » ou encore le « cancel », on prend vite ses marques et on ressent que le jeu s’adresse en premier lieu aux experts des jeux de baston.
Il est également possible de paramétrer des « raccourcis » (ou de choisir parmi ceux proposés par défaut) lors de la sélection des personnages pour sortir plus facilement certains coups spéciaux et les placer plus facilement au sein d’un combo.

L’équilibrage entre les personnages est très bon ; bien que certains soient plus forts ou plus rapides que d’autres, il n’y a pas de perso exagéré (comme Sagat dans SF4). On ne rencontre aucun ennemi infranchissable qui possède une barre de vie plus grosse que celle du joueur, sauf peut-être le boss final qui peut poser quelques soucis du fait qu’il ne peut pas être « stunt ».

A savoir aussi, les combos infinis si chers aux experts sont quasi impossibles à réaliser. Les développeurs ont eu la bonne idée d’intégrer une attaque échappatoire qui se met en route automatiquement dès que le jeu détecte le début d’une chaîne infinie, ce qui permet d’éviter de perdre bêtement un round sur une erreur de manipulation.

Le mode tag

D’après moi, le mode tag (disponible en solo et versus) mérite à lui seul son petit paragraphe. Dans la majeure partie des jeux de baston 2D (et certains 3D), le tag se limite souvent à du deux vs deux, trois vs trois et plus si affinités. La particularité de Skullgirls est de briser cette sacro-sainte règle pour proposer des combats déséquilibrés avec du un vs deux, du deux vs trois ou encore du un vs trois. Cela peut sembler étrange voire très défavorable pour le joueur qui choisit de se mesurer à un contre trois, mais c’est sans compter sur l’ingéniosité des développeurs du titre.

Afin de pallier tout désavantage, ils ont décidé que le joueur en infériorité numérique bénéficierait de plus de santé et de coups bien plus puissants que ces multiples adversaires. Dès lors, il n’est pas rare que les affrontements à un contre trois se terminent par la victoire du joueur seul. Pour contrarier tout ça, l’autre joueur est obligé de jongler avec ces trois personnages pour économiser leur santé.
Néanmoins le joueur seul aura toujours un net avantage contre ses adversaires et finalement, il est plus intéressant de jouer des versus classiques en un vs un (surtout si on joue avec un ami).

Technique et graphismes

La qualité graphique tue pour un jeu indépendant avec peu de moyens. Elle arrive même à égaler certains ténors de la baston 2D en proposant un graphisme fin et détaillé. On a souvent l’impression de regarder un dessin animé. L’animation est sans faille, tous les personnages ont plusieurs mimiques très amusantes et ne restent jamais trop statiques (par exemple la chevelure « vivante » de Filia qui gesticule au gré des attaques portées). J’ai pu constater quelques petits soucis graphiques dus à la hitbox des personnages mais rien de bien méchant.

Le tout tourne à merveille sur Xbox360, on reste bouche bée devant tant de maîtrise.

Un dernier mot pour la fin

En guise de conclusion, je voudrais dire que j’ai particulièrement adoré ce Skullgirls. De prime abord, il est un peu difficile de se faire au casting 100% féminin mais on s’habitue très vite à contrôler ces combattantes. Le jeu est d’une richesse telle qu’il m’est impossible de mesurer la durée de vie ; certes le mode solo reste plutôt court et les histoires entre chaque combat sont pour la plupart assez rébarbatives. Le mode versus possède une durée de vie illimitée si on a un ami sous la main. Malheureusement le mode en ligne est très frustrant pour un débutant et seul un expert peut s’en sortir plus ou moins correctement. Enfin, bien que ça soit en partie corrigé, la traduction française est assez mauvaise sans atteindre toutefois la médiocrité de celle de Final Fantasy 7.

Mon appréciation globale est donc excellente, logique pour un jeu devenu une référence pour la plupart des sites spécialisés en jeux de baston (comme www.basgrospoing.fr)