Retro Virus vous emmène cette semaine dans l’univers de l’arcade, à la maison ! Tous les retro gamers, ont déjà fantasmé devant les bornes d’arcade des années 80 et 90. Ces monstres d’amusement ont toujours représenté le graal du jeu vidéo. On ne peut néanmoins nier que Donkey a aussi toujours rimé Money Money Money… Et pourtant, depuis quelques années, ces colosses de salles d’arcade s’invitent dans nos salons. Le rêve est devenu réalité.
On me demande souvent comment ça marche ? Comment peut-on acquérir ce genre de machines ? Où sont-elles ? Combien cela coute-t-il ? A travers les bornes que j’ai pu récupérer ces trois dernières années, je vais tâcher de répondre à toutes les questions que vous vous posez sur ce fantasme désormais palpable. Pendant 4 semaines, je vais vous les présenter par trois et vous faire un léger topo sur leur histoire…

Le vocabulaire, préambule initiatique avant d’évoquer le monde arcadien

Il est toute une série d’expressions qu’il est bon de maîtriser avant de se lancer dans l’aventure. Les arcadiens conjuguent en effet des  verbes étranges avec des mots hybrides entre le français, l’anglais et une espèce d’esperanto pacmanique.

Un WIP (Work in Progress) désigne un projet de rénovation en cours.
Le WAF (woman acceptance factor), ennemi juré du WIP, caractérise la force de dissuasion féminine, souvent nourri d’arguments aussi pragmatiques que judicieux, il faut apprendre à faire avec.
Un RT (Road Trip), évoque l’expédition à bord d’un véhicule souvent trop étroit, pour aller chercher une borne convoitée, dans un pays souvent trop lointain, et avec un peu de chance, trop de pluie.
Le bezel est la décoration collée par-dessous la vitre devant l’écran de la borne.
Le Panel (control panel) est la partie de la borne comprenant les sticks et boutons.
Le header caractérise la partie supérieure de la borne, décorée à l’effigie du (des) titre(s) jouable (s), souvent rétro-éclairée.
Un Front End est un programme, gérant la présentation et l’organisation des émulateurs et des jeux sur un pc dédié à une borne d’arcade.

Vous voilà donc au courant des expressions qui vont bien, insert coin et press start !

Borne 1 : La borne de Trunks avec PC Gaming

Comment ?

Septembre 2009, je surfe sur les forums francophones et je pose des questions à tout va sur la Neo Geo AES et les solutions pour y accéder. Au fil d’une de ces conversations, un ami de be-games, Trunks, m’éclaire et me suggère quelques alternatives. Parmi celles-ci, ils me parlent de la borne qu’il est en train de retaper et me propose de ma la laisser à bon prix, c’est-à-dire son prix de revient… Je prends donc mon véhicule, et en compagnie de mon plus fidèle équipier, je me rends dans la région du Centre, 200 km sous la pluie.
Quoi ?
Cette borne était donc une borne générique allemande. Elle disposait d’un écran rotatif et était entièrement métallique.

Extrêmement lourde, elle était belle et propre à l’intérieur. La matière était tout de même un peu froide et les soirées d’hiver, je n’étais pas fan du contact.
Le panel était lui assez basique et inadapté pour les jeux de combats ou autres classiques d’arcade exigeants. Les sticks avaient morflé et les gros boutons rouges étaient très peu ergonomiques.
Dans les entrailles de la machine, Trunks avait intégré un pc, capable d’émuler la plupart des moteurs arcade d’antan. Neo-Geo, Capcom, Mame, le pc offrait une espèce de full-set de l’arcade avec environ 8000 jeux. Le pied total ! En ce qui concerne l’affichage et l’interface PC vers borne, la configuration était équipée d’un arcade vga, permettant un affichage 15Khz de toute beauté.

WIP ?

Sur cette borne, je n’ai guère entamé de gros travaux. Cependant, elle m’a permis d’entrer dans le jargon et dans les logiques de base des branchements des sticks, boutons et autres microswitches.
Le seul élément que j’ai modifié est le panel. J’ai recouvert celui d’origine par une plaque de plexiglas, sur laquelle j’ai intégré deux nouveaux sticks en poire et six boutons par joueur pour un accès au catalogue intégral des jeux de combats. Les branchements avec du bon câble, le fonctionnement des microswitches et les soudures à l’étain, telles ont été mes premières sensations manuelles.

Prix de revient et conclusion ?
Au total, cette borne m’est revenue à environ 600 euros, les kilomètres parcourus, le pc, la borne et le matériel pour rénover le panel. Je l’ai vendue à un membre actif de be-games et je pense qu’il en est toujours satisfait. En ce qui me concerne, j’ai adoré cette machine. Un look rebelle, une palette de jeux infinie et un panel deux joueurs avec chacun 6 boutons. Je conseille à tous les débutants ce genre de configuration simple d’utilisation grâce au pc, et proposant un choix de jeux éclectique.

Borne 2 : Mortal Kombat (HS)



Comment ?

J’ai donc déjà une borne dans ma game room. La phrase de Trunks au moment des adieux résonne encore dans les limbes de mon esprit : « A bientôt, merci, te voilà propriétaire de ta PREMIERE borne… » . Tous les matins, je check les sites d’enchères et les sites arcade à la recherche d’une perle arcadienne… pas évident, pas tout près et souvent trop cher. Soudain, un matin, je vois sur eBay une borne Mortal Kombat, HS, à Charleroi. En moins de temps qu’il ne faut pour l’écrire, je contacte le vendeur, il me l’adjuge pour une centaine d’euros. Extrement lourde et encombrante, cette borne trouvera place sur la remorque familiale. Arrivés sur place, le vendeur m’avoue qu’elle a fait les beaux jours de la friterie voisine, il l’a rachetée quelques jours après la faillite de l’établissement fritier mais ne parvenant pas à la faire fonctionner, il préfère s’en débarrasser.

Quoi ?

Il s’agissait donc bien d’une magnifique borne Midway, Mortal Kombat. En fait, tout fonctionnait. Le son, le header, le monnayeur, le panel. La panne venait de la platine de l’écran. Cela aurait nécessité une réparation de connaisseur. J’ai proposé la pcb de l’écran à deux réparateurs tv qui n’ont guère été inspirés. Par la suite, j’ai rencontré un génie de l’arcade qui m’a expliqué qu’il aurait pu la réparer en quelques heures… Trop tard, je l’avais vendue.

WIP ?

Je n’ai donc pas fait grand-chose sur cette borne. J’ai démonté l’écran, j’ai nettoyé un peu l’intérieur puis basta. Par contre, j’aurais du conserver toute la borne, remplacer l’écran par un téléviseur et y brancher un pc avec un arcade VGA. Première erreur de parcours…

Prix de revient et conclusion ?

Au final, j’ai dépensé entre 140 et 180 euros pour cette borne, j’ai connu le fantasme de voir une borne Mortal Kombat dans ma game room et enfin, je l’ai vendue environ à ce prix. En définitive, même si j’aurais aimé lui offrir un autre destin, je suis heureux de cette expérience.

Borne 3 : Power Drift (HS)

Comment ?

A l’instar de mon expérience avec Mortal Kombat, je suis à nouveau tombé sur cette annonce suite à mes recherches spontanées et répétées. Budget sympa, borne annoncée ok mais avec quelques réglages à effectuer, je me dis, allez, je me lance. J’appelle donc la personne en question et il me la livre le soir même pour quelques euros supplémentaires. Fan de Sega, j’ai toujours eu envie de posséder une borne estampillée Sega à la maison. De plus, Power Drift est un top jeu dans l’esprit des célèbres Out-Run et cie.

Quoi et WIP ?

Power Drift, c’est donc une borne avec un volant, une pédale d’accélérateur et une pédale de frein. Dans ce cas-ci, tout semblait fonctionner mais pas d’image. En effet, après avoir nettoyé tout l’intérieur et aspiré les stigmates du temps, j’allume le jouet. J’entends le son, le volant réagit, le retour de force semble être en train de s’initialiser, les boutons clignotent. mais pas d’image. Je pousse sur le bouton start, le jeu se lance. Du moins, je le devine puisque seul le son me donne des indices. J’ai observé la boite Sega avec les nombreuses pcb à l’intérieur, mais je n’ai rien compris. J’ai repéré un fusible, j’en ai acheté un identique tout neuf mais l’image n’est pas revenue. j’ai abandonné après quelques mois et ai revendu la borne.

Prix de revient et conclusion ?

J’ai donc déboursé 100 euros fdpin pour cette borne qui ne les valait pas. Les efforts à fournir ne nécessitaient peut-être pas une connaissance géniale, mais l’aspect extérieur et le souci d’affichage représentait un travail de rénovation trop ambitieux pour mes mains malhabiles et inexpérimentées. C’est le seul achat arcadien que je regrette à ce jour, mais j’ai quand même été heureux de voir ce gros joujou trôner quelques mois dans le fond de ma game room et porter le nombre de mes bornes à 3 unités.

Mes trois premières bornes : Conclusion

Après quelques mois de passion, j’ai investi énormément de temps, j’ai acheté quelques outils mais au final, je ne suis pas dépouillé. Ces 3 projets m’ont fait découvrir un tas de passionnés sympathiques et dévoués ; de plus, j’ai appris une masse d’informations techniques que j’étais destiné à ne jamais évoquer dans ma vie de littéraire. Je vibre, je crois que j’ai fait le tour de mon incompétence, mais c’était sans compter sur mon obstination et mes folies d’arcade à venir…
Fin des trois premiers travaux de Vega… Restez branchés la semaine prochaine sur BE-games pour découvrir les 3 bornes suivantes de mes aventures au pays de l’arcade.

Vega