Depuis de nombreux mois dans plusieurs salons de jeux vidéo, Remember Me a su faire parler de lui et bien souvent attirer la convoitise. Finalement, est-ce que cette nouveauté de Capcom vaut le détour et mérite de faire partie de notre ludothèque ?

Un futur mouvementé ?

Néo Paris, 2084, la société Memorize règne en maître sur cette nouvelle ville lumière. Tout cela grâce à l’invention du Sensen (pour Sensation Engine) qui permet à tout un chacun de numériser et de partager ses sensations et ses souvenirs avec tout le monde.

Au fur et à mesure que la technologie du Sensen évolue, chaque individu devient capable de modifier sa propre mémoire pour effacer, ajouter, voler, voire revendre certains souvenirs.
La plupart des gens voudront améliorer leur vie et supprimer les mauvais souvenirs, d’autres vont devenir complètement accros aux bons souvenirs et s’injecter dans leur propre Sensen ceux qu’ils ont achetés hors de prix dans des bornes électroniques.
Ces nouveaux « drogués » vont progressivement perdre leur propre personnalité et leur identité. Pareils abus engendrent de graves troubles psychiques et l’émergence, dans les bas-fonds de Néo Paris, d’une nouvelle frange de la population constituée de personnes en manque ou ayant carrément perdu toute humanité. Ces exilés jalousent la vie des habitants « normaux » de Néo Paris.

C’est donc dans ce climat de révolte que l’on incarne Nilin, l’une des meilleures chasseuses de souvenirs. Elle seule est capable de remixer la mémoire de ses cibles pour leur faire croire à une autre réalité. Cette faculté est un problème majeur pour les plans parfaits de Memorize, et il est essentiel de la réduire au silence.

L’aventure débute après la capture de Nilin par la toute puissante société qui s’apprête à lui faire subir une « purge » mémorielle au sein même de la Bastille, devenue depuis plusieurs années une prison de haute sécurité pour la plupart des opposants aux idéaux de Memorize.

Après un premier traitement de choc qui la laisse quasiment vide de tout souvenir et de toute volonté combative, notre héroïne suit inexorablement le chemin vers l’effacement complet. Au cours de sa progression vers l’oubli total, une mystérieuse voix se fait entendre. Il s’agit d’Edge, le chef auto-proclamé du mouvement Erroriste, qui nous indique que notre place est dans la rue, à nous battre contre les plans de Memorize qui tente d’imposer tous les avantages du Sensen.

Le leaper est l’ennemi principal du jeu

C’est à ce moment-là que nous sommes amenés à prendre le contrôle de Nilin. Hélas, on va rapidement se rendre compte que le scénario ne fait pas tout dans Remember Me.

Un jeu un peu trop classique ?

Malheureusement, il ne faut pas s’attendre à être surpris par Remember Me. On est face à un énième jeu qui base tout son gameplay sur celui de ces prédécesseurs, en l’occurrence Assassin’s Creed de Ubi Soft (pour l’aspect « grimpette ») et Tomb Raider de Square Enix (pour tout ce qui tourne autour des QTE).
La ville de Néo Paris est plutôt chouette à parcourir, on découvre au fur et à mesure l’un ou l’autre passage secret, mais le level design reste bien trop classique.

Le point le plus dommageable dans le jeu est sa trop grande linéarité. J’ai été frustré, à de nombreuses reprises, de voir l’intérieur des magasins et de ne jamais pouvoir y pénétrer à cause d’une gigantesque porte vitrée jouant le rôle de mur invisible. On se sent comme prisonnier de l’endroit et on évolue toujours en ligne droite sans vraiment se poser de questions (syndrome FF13).

Un autre souci vient du manque flagrant de liberté dans les différentes actions du jeu.
Plusieurs fois dans le scénario, Nilin est poursuivie par la force Sabre (la super police du jeu) et l’action bascule en mode « poursuite ».
Durant ces moments, on a l’impression de pouvoir parcourir librement le décor à la recherche d’un abri de fortune pour échapper à nos poursuivants. On revient rapidement à la réalité quand on se rend compte que ces phases ne sont que de gigantesques scripts dans lesquels la liberté d’explorer Neo Paris est totalement absente.
Un peu comme dans cette scène où il faut escalader un mur pour échapper à un hélicoptère. On constate qu’il y a bien deux chemins possibles bien balisés, mais comme il a été décidé qu’il faut utiliser le chemin A au lieu du chemin B, il sera tout bonnement impossible de prendre un chemin alternatif.

En ce qui concerne les graphismes, on sent bien la volonté du studio DONTNOD de nous faire croire à l’existence de cette ville futuriste avec ces allées sombres dans le Slum404 ou a contrario ces endroits tout propres du riche quartier Saint Michel. L’ambiance graphique est plutôt bien installée et on reste en admiration devant certains panoramas (comme la Tour Eiffel illuminée ou ce coucher de soleil dans les hauteurs de Néo Paris) ou quelques effets de lumières particulièrement réussis.
La ville est vraiment très détaillée et l’ambiance à la Blade Runner passe assez bien. De plus, les différents éléments futuristes s’intègrent parfaitement dans les décors et on se surprend même à écouter les publicités de Mémorize au détour d’un couloir, le tout accompagné par une bande son de qualité aux thèmes vraiment agréables.
Il est important de souligner que le jeu est entièrement doublé en français, ce qui rend l’attachement aux personnages plus facile. Malgré tout, j’ai constaté quelques soucis de synchronisation labiale lors de certaines cinématiques.

Je remixe, tu remixes, …

En guise de récompenses durant la progression du scénario, Nilin est amenée à utiliser son atout le plus précieux, le remix mémoriel. Cet aspect de Remember Me a été particulièrement mis en avant pendant le développement du jeu.
Le but de ces séquences est de modifier la mémoire d’une personne pour lui faire croire à une nouvelle réalité. Il faut donc trouver les moments qui peuvent être altérés et tâtonner jusqu’à réaliser l’objectif imposé par le scénario.
Bien qu’il n’existe jamais qu’une seule solution à ces sortes de puzzle, il est toujours très amusant de volontairement mettre le bazar dans la mémoire des autres pour voir des fins assez inattendues. Par exemple, dans un des remix, le fait de débloquer la sécurité d’un pistolet a pour conséquence que notre cible se suicide par accident en jetant l’arme au sol.
Cet aspect du jeu constitue une grosse partie de son intérêt, mais il est vraiment dommage que ces scènes soient si peu nombreuses et interviennent parfois de manière étrange dans le scénario.

Un petit air de Street ?

A contrario d’un autre jeu du même style, il est  question d’un véritable système de combat basé sur des esquives et des combos. C’est Yoshinori Ono, le papa de Street Fighter, qui a joué le rôle de consultant pour développer quelque chose de relativement novateur pour un jeu d’aventure.
Tout d’abord, il faut savoir que les combos sont entièrement personnalisables tout au fil du jeu par le biais des pressens, des sortes de bribes mémorielles du passé de Nilin.
Ce sont eux qui vont définir toute la particularité du système de combat de Remember Me. Séparés en quatre catégories (combats, soins, recharge et liaison), ils doivent être placés dans des « patrons » de combos (X, Y, X ou Y, X, Y, etc…) à réaliser par le joueur.
Si ce dernier entre correctement les touches du « patron », les effets des différents pressens sont multipliés ou bénéficient de propriétés supplémentaires (pour les pressens de soins ou de recharge).

Il est donc inutile de « bourriner » la touche de coup de poing et il faut faire l’effort d’entrer les différentes combinaisons avec le bon timing si on veut mettre les adversaires au tapis. S’il s’agit d’une bonne idée pour enrichir les combats, on finit par trouver la formule un peu too much pour un « simple » jeu d’aventure. Bien que je sois un fan incontesté des jeux de combat 2D et 3D, je n’ai pas été vraiment convaincu par ce système de combat qui se montre bien trop lourd et beaucoup trop compliqué à appliquer lorsqu’on est submergé d’ennemis. En fin de compte, j’en suis resté à faire des manipulations plutôt simples pour me défendre.

Conclusion subjective de Lionheart_mike

Que penser de Remember Me ?

Avec son scénario vraiment agréable à suivre, je me suis laissé guider dans l’aventure de Nilin à la recherche de sa mémoire fragmentée.
J’ai trouvé le gameplay bien trop inégal et la linéarité des niveaux finit par être lassante.
Certains niveaux sont beaucoup plus longs que d’autres, ce qui donne l’impression d’une durée de vie augmentée artificiellement.
Au fur et à mesure de la progression, je me suis rendu compte que je faisais souvent les mêmes actions. Les combats s’enchaînent sans trop se renouveler et le système de combat devient vite extrêmement répétitif.
Bien que Remember Me possède pas mal de défauts, il reste tout de même intéressant à plusieurs niveaux.

 Merci à Spacecowboy pour la correction