Destiné à l’origine à être le troisième volet de la saga True Crime (comprenant True Crime : Street of L.A. et True Crime New York City édités par Activision),  ce projet ne verra jamais le jour, pour des raisons inconnues. C’est alors que Square Enix entre en scène, décide de récupérer cette licence abandonnée et d’en faire le titre qui fait couler beaucoup d’encre depuis quelques années, le tout bien nommé Sleeping Dogs.  Voyons voir ensemble si ce jeu est finalement à la hauteur de ses aînés et si Square Enix a fait le bon choix en pariant sur ce titre.

Une visite à Hong Kong, ça vous tente ?

Vous incarnez Wei Chen. Ce malfrat hongkongais n’a pas connu des débuts idéaux et décide de s’exiler aux Etats-Unis afin de toucher au rêve américain, en suivant une formation de policier. Fraichement promu, il est envoyé à nouveau à Honk-Kong pour devenir un infiltré au sein même des Triades, en intégrant le gang des « Sun-on-Yee ».
Sa mission principale est de mettre à genoux la terrible organisation et par la même occasion, de se venger de la mort de sa sœur, victime de la drogue d’un dealer des Triades.
Pour ce faire, Wei doit réaliser plusieurs missions dans ce monde sans pitié (exécutions, vols, extorsions,…) mais étant avant tout un policier, il peut également accomplir des missions pour aider ses collègues hongkongais à résoudre certaines affaires.

La réussite de ces missions apporte des améliorations de stats, les missions de Triades ouvrent la porte à des améliorations de force de frappe tandis que les missions de police apportent des améliorations permettant de réaliser certaines actions, sans attirer l’attention (comme par exemple, désarmer un passant sans violence).
Petit détail intéressant lors des missions de police, vous serez récompensés si vous roulez correctement et que vous respectez le code de la route. Bien sûr, on arrive vite à foncer sans respecter la moindre interdiction tellement le trafic se veut dense et peu perméable.

Ce qui étonne lors des premières parties, c’est le taille relativement impressionnante du territoire à explorer et le respect du développeur pour la ville de Hong-Kong. On se sent vraiment petit dans cette ville. L’ambiance  est parfaitement rendue, via des musiques orientales dans certains quartiers et les cris des commerçants dans d’autres. Il est amusant de croiser au début de l’aventure un stand animé pour une boisson énergisante ou encore une démonstration de la danse du dragon sur une scène improvisée dans l’arrière cour d’un restaurant.
Le jeu fourmille de détails en tous genres via des PNJ qui s’affairent à leur propres occupations. Ils achètent des marchandises, parlent entre eux, tout est mis en œuvre pour rendre l’aventure la plus immersive possible.

Comme tout bon GTA-like qui se respecte, vous pouvez déambuler dans les rues afin de découvrir plusieurs éléments secrets, dont des coffres gardés ou non par un ou plusieurs ennemis. Vous pourrez également profiter des différentes boutiques pour acheter des nouvelles tenues (certaines apportant plusieurs bonus non négligeables en combat). On prend donc un réel plaisir à errer dans Hong-Kong. La densité de population hongkongaise n’est quant à elle pas toujours respectée mais passons ce détail…

On parle avec nos poings !

C’est un fait, dans Sleeping Dogs, le joueur est amené à combattre souvent, voire même très souvent. Les toutes premières phases de jeu vous immergent dans l’aventure en expliquant petit à petit les diverses façons de mettre vos adversaires au tapis, via un système de combat plutôt évolué pour ce genre de titre.

Les développeurs ont reçu l’aide du professionnel de MMA, Georges « the rush » St Pierre, qui leur a permis de travailler sur une panoplie de coups réalistes, basés sur sa propre expérience.
Le système de combat se veut assez similaire à celui mis en place dans le jeu Batman Arkham Asylum, basé sur des combos plus ou moins longs et des contres. Ils ont été agrémentés de quelques idées très sympathiques comme l’utilisation des décors pour réaliser certains « finishing moves » assez violents. Un système de contre permet de désarmer les opposants pour retourner leurs armes contre eux. Par contre, attendez-vous à un challenge de taille car les combats ne sont pas des plus simples.  Wei est souvent confronté à plusieurs ennemis en même temps, ces affrontements se terminent souvent en défaite si on n’a pas eu l’idée de correctement contrer les adversaires.

Malgré tout, on prend rapidement ses marques et les combats finissent par devenir des véritables chorégraphies alliant à la perfection kung-fu et combat de rue.
Certes, ce n’est pas Virtua Fighter mais vous aurez besoin d’au moins quatre boutons pour assurer des enchaînements efficaces, en jonglant entre contre, attaque simple, attaque forte et utilisation de l’environnement.

Le jeu parfait n’existe pas encore.

Malheureusement, tout n’est pas encore parfait dans Sleeping Dogs. D’un coté, on peut  être un peu déçu par certaines textures qui se révèlent inégales ou par une animation parfois saccadée sur certaines scènes cinématiques, mais rien de bien méchant car le jeu est beau pour un jeu console (vu que je ne teste pas la version PC, il m’est difficile d’émettre un avis sur cette plate-forme). On sera néanmoins surpris par le manque de régularité dans les graphismes. Les effets de pluie sont par exemple somptueux, fouillés et nets. A coté de cela, les yeux et l’effet constant de flou dans les décors sont beaucoup moins remarquables.L’intelligence artificielle souffre du syndrome « Assassin’s Creed », c’est-à-dire que les ennemis arriveront par groupes de 3 ou 4 à la fois pendant que leurs coéquipiers resteront en retrait en attendant leur tour.

Lors du test, une des missions s’est terminée d’une façon étrange, mon véhicule partant en dérapage, a bloqué le véhicule ennemi contre un mur, l’empêchant d’avancer ou de reculer. C’est alors que la réussite de la mission m’a été accordée. On a l’impression que le moteur du jeu n’est pas parvenu à interpréter cet événement et a octroyé la réussite de la mission.
On peut aussi regretter que l’on n’a pas le libre choix de son camp. Dès le début de l’aventure, on enchaîne les missions sans pouvoir privilégier les missions de Triades à celles de la police et inversement.
Vega, qui a également testé le jeu mais sur Xbox 360, a subi des lags et bugs trop fréquents également. Par exemple, un ennemi se retrouve en dessous du sol, sa tête dépasse, il devient intouchable mais lui peut vous toucher. Ce genre de bugs seront vraisemblablement rectifiés via les prochaines mises à jour mais ils sont regrettables et par moment rédhibitoires.

Scénario à la hauteur d’un bon movie game ?

Sleeping dogs repose sur un scénario inspiré de Infernal Affairs, dont le remake réalisé par Martin Scorsese, les infiltrés, est plus connu du grand public. Ce film est une merveille du cinéma asiatique et offre des twists surprenants, de l’action, une maitrise de l’image et des acteurs au jeu dur et sincère. Même si Sleeping Dogs souffre de quelques errances graphiques, dont les yeux vides des personnages, on parvient tout de même à se plonger dans l’histoire. Le héros, de par sa position d’agent double, se retrouve souvent confronté à des situations ambiguës qui nourrissent le script. Inviter le cinéma ASIA au pays des jeux vidéo, c’est audacieux. Admettons que la comparaison entre les deux scénarii est aussi ingénue qu’euphorique mais pour un jeu aussi ouvert que celui-ci, on se laisse bercer par l’histoire avec beaucoup de plaisir.

Test réalisé avec la participation de Vega, merci à lui !